Qu’est-ce qu’un acouphène?

L’acouphène pourrait se définir comme un «bourdonnement» ou un «sifflement» entendu dans une ou deux oreilles ou bien dans la tête en l’absence de toute source sonore dans le milieu environnant. Il s’agit de sensations auditives ne résultant pas d’une excitation extérieure de l’oreille.

C’est le résultat de la production d’un signal nerveux anormal à un quelconque niveau des voies auditives qui, après traitement par ces dernières, est interprété comme un bruit lorsqu’il atteint le cortex auditif (Jastreboff, 1990, 1995, 1999).

L’acouphène est donc un symptôme, au même titre que la fièvre, qui peut avoir de nombreuses causes (ex : traumatisme auditif (65 % des cas en France), surdité brusque, barotraumatisme de l’oreille interne (accident de plongée, …), traumatisme crânien, problèmes cervicaux et mandibulaires…)

Il est par ailleurs important de noter que l’acouphène n’est pas une hallucination auditive. Il s’en distingue de par le contenu rudimentaire des bruits entendus.

Combien de personnes souffrent d’acouphènes?

On estime aujourd’hui que l’acouphène chronique touche de 10 à 17% de la population. 1,6 millions de Français qualifient leur acouphène d’ »agressif « , et 300.000 d’ » intolérable  » (sources France acouphènes, 2008).

Quelle est l’évolution des acouphènes?

Une fois installé, l’acouphène chronique peut suivre deux évolutions distinctes :

l’accommodation des réactions à l‘acouphène et de la perception (généralement en 6 à 12 mois ) (75 à 80% des cas)

la sensibilisation de l’acouphène. Il devient alors un réel problème focalisant l’attention du sujet et initiant des handicaps dans divers aspects de la vie professionnelle, familiale et sociale (25 à 20% restants)

Notons que dans ces deux cas de figures, l’acouphène ne disparaît pas complètement. La différence réside essentiellement dans son vécu et dans le degré d’attention qu’on lui accorde. En cas d’accomodation, il y a peu de souffrances associées et nous y prêtons peu attention.

Par contre, en cas de sensibilisation, la souffrance liée à l’acouphène est intense et notre degré d’attention pour l’acouphène est très élevé. Il ne s’agit nullement de mauvaise volonté ou d’une faiblesse présumée. Les différences entre ces deux cas de figures se situent très probablement au niveau neurobiologique.

Mais à quoi sont dues ces deux évolutions distinctes ?

Pour répondre à cette question, il nous faut d’abord comprendre les mécanismes de l’acouphène.


Quels sont les mécanismes à l’origine des acouphènes?

Trois systèmes peuvent rendre compte, schématiquement, de son fonctionnement :

* (1) l’oreille interne où les vibrations de l’air sont transformées en signal électrique. Ceci est possible grâce aux cellules ciliées ;

* (2) un système de filtres des signaux en provenance de l’oreille interne. Ce système se situe au niveau du tronc cérébral. Il est censé faire le tri entre les informations pertinentes de notre environnement et celles qui ne le sont pas. Ce système entretient de nombreuses connexions avec les autres parties de notre cerveau, notamment le centre des émotions ;

* (3)  le cortex auditif qui reçoit l’information en provenance des filtres. Ce n’est qu’une fois que le cortex auditif est stimulé que nous percevons consciemment le signal.

Le nerf auditif transmet les signaux nerveux entre ces trois systèmes.

Lorsqu’une personne souffre d’acouphènes, un ou plusieurs de ces systèmes ne fonctionne(nt) pas correctement. Il s’agit peut-être de cellules ciliées abîmées au niveau de l’oreille interne. Elles transmettent alors un signal, bien qu’elles ne soient pas stimulées. Il peut aussi s’agir d’une atteinte au niveau du nerf auditif, ou d’autres choses encore.

Donc, le nerf auditif transmet le signal au système de filtres. Celui-ci, censé faire le tri entre les informations pertinentes et les superflues de notre environnement, laisse passer sans encombres le signal décrit plus haut. Le cortex auditif est alors stimulé et nous entendons un bruit parasite ne provenant pas de l’extérieur… autrement dit un acouphène.

Voilà qui permet de rendre compte d’une partie du problème.

Reste à savoir pourquoi certains s’y accommodent, n’y prêtent plus attention, parviennent à « mettre de côté » leur acouphène et d’autres non. La réponse est à chercher du côté du système de filtres. Dans certains cas, il apprend progressivement à inhiber fortement, les signaux à l’origine de l’acouphène. Celui-ci est alors faiblement perçu, hormis dans de rares situations (ex : dans un silence complet).

Le reste du temps, il est identifié comme un léger bruit anodin, donc mis de côté par notre conscience. Cet apprentissage prend généralement de 6 mois à un an. Dans d’autres ce n’est pas le cas. Pourquoi ?

Nous mentionnions tout à l’heure les liens multiples qu’entretenait le système de filtres avec d’autres parties du cerveau. Ces filtres entretiennent en effet des liens étroits avec le centre des émotions et avec nos cognitions (pensées automatiques). Il peut arriver que ces systèmes viennent parasiter le travail et les apprentissages du système de filtres.

Dans le cas des acouphènes invalidants, le centre des émotions génère des émotions négatives (ex : anxiété) lors de la survenue de l’acouphène. De même, des pensées automatiques alarmistes surviennent lors de la survenue de celui-ci. Ces pensées et ces émotions vont rapidement être associées à l’acouphène par le biais d’un apprentissage inconscient.

Les pensées et émotions négatives vont engendrer des comportements de repli / d’évitement. En l’absence de stimulations extérieures, nous allons alors nous focaliser de plus en plus sur l’acouphène et empêcher le système de filtres d’apprendre à jouer son rôle : à savoir inhiber le signal à l’origine de l’acouphène.

Finalement, les émotions négatives, les pensées automatiques négatives et les comportements de repli vont nuire au bon fonctionnement du système de filtres. Ce système ne va pas apprendre à inhiber efficacement les acouphènes. Cela va permettre à l’acouphène invalidant de s’installer. Il sera alors perçu avec une détresse intense.


Quelles solutions pour en finir avec les acouphènes?

Face aux acouphènes, il n’existe à ce jour pas de solution miraculeuse. Méfiez-vous d’ailleurs de ceux qui vous proposent une solution de la sorte.

La meilleure approche pour en sortir consiste à suivre une prise en charge pluridisciplinaire (ORL, Psychologue spécialisé, audioprothésiste) avec des professionnels qualifiés.

Les thérapies cognitives et comportementales peuvent clairement vous aider à sortir de cette spirale. Elles vous apprennent, par le biais d’un travail progressif et bienveillant à diriger le projecteur de votre conscience ailleurs que sur vos acouphènes.

Selon des études validées scientifiquement, elles apportent un mieux-être dans 70% des cas. N’hésitez pas à nous contacter pour davantage de renseignements.